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[Récits d'Event] Le Siège du Dôme de Svanir.

LA BATAILLE DU GOUFFRE GELE

[HRP] Récit d'animation lié à l'évènement inter-guildes "Le Siège du Dôme de Svanir"

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La brume matinale couvrait les murailles et la fraîcheur saisissait ceux qui sortaient de leurs tentes. Le fort était calme ; le réveil des combattants se faisait péniblement et l'activité lente et engourdie du matin contrastait nettement avec l'effervescence qui prenait place ensuite tout au long de la journée pour ne s'éteindre qu'à la nuit tombée.

Peu à peu, les braises somnolentes furent réveillées par les gens de l'intendance ; pages, écuyers et serviteurs pour ceux qui en avaient et par tous ceux qui devaient se préoccuper d'eux-mêmes. Et la vie de camp s'intensifiait à mesure que le bruit achevait de lever tout le monde. Ici et là, les chefs des différentes armées, clans et tribus, compagnies et autres bandes s’acquittaient des obligations de leurs rangs en donnant leurs premiers ordres, puis, on les vit se diriger vers le donjon qu'ils empruntèrent pour accéder à la muraille ouest.

Là-haut, les étendards claquaient au vent qu'ils défiaient, perchés sur de longs mâts fièrement dressés sur des tours fortifiées qui dominent la région. Des hurlements lointains trouvèrent un écho dans les montagnes et nul ne sut si ce furent des bourrasques violentes déchirées par les crêtes qui cisaillent l'horizon ou quelque créature sanguinaire qui étendait son aura de terreur. Mais les chefs ne prêtèrent pas attention à ces rumeurs lointaines ; se trouvant déjà à parler de ce qui les réunissait tous ; la bataille à laquelle ils devaient mener leurs troupes. L'enthousiasme des uns s'opposait au flegme des autres et les mots dessinaient au fur et à mesure la tactique qui serait mise à l’œuvre. Et comme toute alliance le vit lorsqu'elle cohabite, les mésententes et les inimitiés s'invitèrent à la table des discussions.

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Argyhll MacFaol, que l'usage voulait qu'on appelle « MacFaol » pour signifier son rang, écoutait en silence. Quand il fut concerné par l'une de ces hostilités qu'un clan dont il ne savait rien semblait porter aux siens, il prit sur lui de l'ignorer afin de ne pas lui donner prise. Tout au plus rappela-t-il les raisons de sa présence, faisant écho à celles exprimées par le Duc Takoda Valyena, Seigneur de la Colonie d'Ascalon. Un homme qu'il connaît pour lui avoir offert l'hospitalité et qui lui apporta dans son discours, un soutien implicite.

C'est dans le cours d'une matinée déjà avancée que les imposantes portes du Refuge du Croisement s'ouvrirent lourdement avant de laisser défiler le cortège impressionnant des trois « bannières ». La première se trouvait dirigée par Araghast Proudmaul, dont la mission était d'engager le combat sur le Lac Gelé après que les Svanirs les y aient rejoint pour la bataille. A la tête de la deuxième, Takoda Valyena devait déborder les ennemis par le flanc afin d'enfoncer leurs lignes. Quant à la troisième, MacFaol à la tête de son clan devait profiter d'une ouverture pour pénétrer dans le « Gouffre », but ultime de la bataille, qu'il fallait assaillir et capturer. C'est ainsi que le Clan du Loup se trouva l'honneur de porter le coup fatal au cœur du camp des suivants de Jormag.

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Et le Lac Gelé atteint, les bannières se mirent en ordre de bataille. Les éclaireurs Svanirs avaient déjà fait leur œuvre et les troupes ennemies étaient prêtes à livrer combat, aussi et sans attendre, Araghast mena la charge de la plus grande bannière des trois et la violence de l'impact des deux masses grouillantes, hérissées de fer résonna dans la vallée. Les premières gerbes de sang qui constellèrent de pourpre le miroir immaculé de glace jaillirent ci et là, accompagnées par les hurlements de fureur et les gémissements morbides des gorges ouvertes aux vents assoiffés. Les lieutenants qui hurlaient les ordres peinaient à se faire entendre dans le brouhaha assourdissants des armes et armures qui s'entrechoquaient, des cliquetis permanents et percussions violentes, des tirs de fusils et des sifflements caractéristiques des flèches qui fusaient en tout sens. De longues minutes s’égrainèrent à mesure desquelles, les combattants, engagés dans une chorégraphie chaotique, dansaient déjà sur un lit de sang parsemé de corps inanimés et des membres sauvagement amputés.

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Profitant que cette mêlée furieuse se livre aux sacrifices sordides que les dieux de la guerre exigent en tribu, le Seigneur Takoda Valyena dirigea dans une manœuvre tactique parfaitement exécutée, sa bannière au contact. Le débordement frappa au flanc la masse compacte des Fils de Svanirs qui fut durement enfoncée. Et alors que les combattants de la Maison Valyena et tous ceux qui se trouvaient sous les ordres du Duc se mêlaient à la bataille, Argyhll MacFaol, Rí du Clan du Loup, saisit, sans attendre et sans l'ombre d'une hésitation, l'opportunité qui s'offrait à lui. Rasant avec les siens, les pieds de la falaise qui longeait leur flanc gauche, laissant sur sa droite, le bouillonnement des combats en cours, il fondit droit sur l'entrée du Gouffre.

Au hurlement de « [i]MacFaol !!![/i] » repris en autant d'échos ardents par chacun des siens, il donna la charge pour investir le camp ennemi. Surpris, les ennemis cédèrent d'abord à la panique et nulle pitié ne leur fut accordée. Les lames des guerriers et des gardiens secondaient les flèches des archers en une seconde vague emportant tout sur son passage, tel un raz de marée qui noyait les infortunés dans leur propre sang. Lorsque les chefs et les Chamans Svanirs prirent la mesure de ce qui se passait, la résistance s'organisa et la contre-attaque fut brutale. Aux ordres de MacFaol, une ligne de front fut formée, barricade vivante de boucliers et d'armes de toute sorte qui accueillaient chaque ennemi qui s'en approchait, de coups violents et meurtriers. L'ennemi lui aussi avait de l'ardeur au combat et sa rage habituelle ne fut pas absente ce jour là ; aussi ne fallut-il offrir aucune faiblesse de son corps, ni faille dans la ligne, que ceux-ci n'auraient pas tardé à exploiter. Les coups pleuvaient mais les rangs tinrent bon et les ordres du Rí du Clan du Loup fusaient à mesure qu'ils progressaient dans le Gouffre. Des géants de givres furent envoyés contre eux qui frappaient avec une violence inouïe, projetant les guerriers comme des fétus de paille. Et les victimes ne devaient la vie qu'à la qualité de leurs armures et de rester conscient, à leur condition physique. Lentement, les Svanirs cédaient du terrain jusqu'à apercevoir le cœur de leur campement où un totem immense à l'effigie de Jormag se dressait, autour duquel des chamans incantaient, pris d'une transe endiablée.

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Et lorsqu'un portail magique naquit près du totem, grandissant au rythme des psalmodies, chacun sut l'urgence qu'il y avait à vaincre au plus vite pour faire cesser le sombre rituel à l’œuvre. Dès lors, on redoubla d'ardeur et puisant toutes leurs ressources physiques, exaltés par une détermination sans faille, les combattants du Clan MacFaol semèrent la mort dans les rangs ennemis. Les tirs ciblés des archers abattaient, un à un, les chamans, faisant cesser l'incantation rituelle... en vain. Tous morts, l'invocation semblait se poursuivre sans que rien ne fut à l’œuvre et il était bien difficile d'en trouver la source, alors même que de nouveaux géants de givre se dressaient contre eux avec leur férocité redoutable. C'était sans compter l'apparition terrifiante d'une gueule draconique dans l’œil éthéré du portail magique aux formes ondulantes. Son souffle surprit la ligne de front qui manqua d'être balayée par sa puissance et le froid glaçant qu'il produisait. Et ce fut de justesse que l'on sépara en deux la troupe, l'une dirigée par MacFaol, l'autre par son frère Ingvald, tandis que les archers continuaient de harceler de leurs flèches tout ce qui fut soupçonné d'être à l'origine de cette magie.

Et c'est à Saoirse NicFaol, sœur du Rí et Arngrimm MacFaol, guerrier émérite du clan qui sauva MacFaol au cours de ce combat, que l'on dut de réussir à mettre un terme à ce qui aurait probablement provoqué la défaite de toute l'armée engagée dans cette bataille. Leur instinct les mena à penser que le totem en était la source et quand Arngrimm fit connaître son avis, Saoirse ordonna aux archers de tirer avec elle sur un pic de glace opportunément placé sur les hauteurs. Ce dernier céda après avoir résisté jusqu'à faire douter les tireurs de leur réussite et il s'abattit lourdement sur un géant de glace qui s'effondra sur le totem : le brisant sur le coup. Des distorsions étirèrent étrangement le portail en tout sens puis celui-ci implosa soudainement avant d'exploser avec violence, détruisant le dernier géant de givre et projetant avec lui d'innombrables fragments de glaces en projectiles acérés et perforants. Plusieurs combattants furent touchés de plein fouet et s'écroulèrent, qui un pic glacé dans la jambe, qui de multiples éclats dans les chairs aux endroits libres de toute protection, qui assommé après avoir été projeté.

Il fallut de longues minutes pour se remettre de l'explosion et sans attendre, les ordres furent donnés de venir en aide aux blessés. D'autres de vérifier chaque corps ennemi afin d'achever tous ceux qui n'étaient pas morts et de fouiller les recoins du campement pour s'assurer qu'aucun n'en réchapperait. Et ce furent comme autant de spectres envoyés par la Mort elle-même que les combattants arpentèrent les lieux où venaient de se dérouler la terrible bataille, transperçant et égorgeant les corps inanimés, massacrant ceux qui s'étaient cachés.

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Ce fut faute de temps que le Clan ne put sacrifier à sa coutume guerrière qui invitait à trancher les têtes des ennemis et à les ficher sur des piques sur les lieux de la bataille pour désigner les vaincus et les produire en exemple macabre afin de donner à réfléchir aux autres ennemis. Mais ce ne serait que chose reportée, puisque au soir l'occasion leur serait de nouveau donné de le faire.

Aussi, les blessés rassemblés de sorte à leur apporter les premiers soins, MacFaol convint d'aller au plus vite, prêter main forte aux deux autres bannières toujours engagées dans un combat sanglant. Mais, à peine les portes du Gouffre franchies, le clan aperçut au loin, les bûchers d'alerte du Refuge du Croisement. Malgré la fatigue, malgré les blessures de ceux qui pouvaient encore se mouvoir, ce fut au pas de course que les combattants prirent le chemin du retour.

Arrivant en vue des remparts, MacFaol constata le siège que subissait la place forte. La porte nord souffrait les assauts des Fils de Svanirs qui escaladaient les murailles à l'aide d'échelles, repoussés avec vigueur par le contingent resté en défense. Trois balistes positionnées en amont des positions ennemies, tiraient sans relâche sur les défenseurs ; littéralement arrachés du chemin de ronde, par les traits imposants et mortels. Le Rí donna l'ordre de gravir le flanc de montagne qui s'étendait vers le nord afin de prendre l'ennemi à revers ; ce qui fut fait dans une charge sans concession ou chacun sacrifia à nouveau son corps à la douleur pour ne dominer que deux choses ; la peur et la situation. Les servants des balistes furent emportés dans la mort par les flèches des archers menés par Saoirse, tandis que les guerriers et gardiens enfonçaient les lignes arrières. Puis, tenant position afin de les garder en tenaille, ce fut un carnage que subirent les serviteurs de Jormag...

Mais quand le calme revient et que la fin des combats semble sonner, c'est pour mieux briser l'espoir des combattants. Des hurlements sur les remparts appelant au renfort de la muraille ouest, MacFaol laissa derrière lui les balistes qu'ils avaient entrepris de faire tracter à l'intérieur du fort comme prise de guerre, bien utile à l'alliance. Les marches des escaliers, gravies quatre à quatre comme un torrent rebroussant chemin, tous furent rapidement sur les hauteurs pour aider à repousser les assaillants et déjà, ceux-ci fuyaient devant le nombre qui se dressait maintenant en position dominante. Alors, pour enfoncer un peu plus la défaite dans le cœur des Svanirs, MacFaol entraîna les siens à sa suite, pour emprunter la porte sud et longer les murs par l'extérieur afin de poursuivre les ennemis, à l'image de la « bannière » sous les ordres d'Araghast.

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Au pied des murailles, un calme étrange régnait comme si l'ennemi s'était volatilisé dans les bois, laissant derrière lui des vainqueurs sur leur faim. C'était sans compter sur la ruse des Svanirs, car alors que les « bannières » s'avançaient pour aller vérifier les sous-bois et prendre les balistes désertées par leurs servants, des dizaines de combattants ennemis sortirent de leurs caches sous la neige et de derrière les arbres et autres obstacles naturels. Une pluie de flèches fondit sur les hommes au pied des murailles qui manqua de peu de faire un sévère carnage. Ingvald MacFaol fut l'une des victimes de ce stratagème et accusa le coup d'une flèche fichée dans son épaule.

Ne cédant pas à la panique, le Clan obéit sans hésiter à MacFaol qui ordonna de dresser les boucliers et de former un rang serrés et aux archers de tirer en une réplique sifflante et meurtrière. Puis, ils prirent le choc de la charge Svanir venue s'empaler sur leurs armes. L'ennemi en fut lui-même surpris et avant qu'il ne le réalisa, tous ceux qui étaient venus au contact gisaient au sol ; morts. Au loin, les archers et chamans ennemis, dissimulés dans les sous-bois préparaient une violente vague de mort qui ne tarda pas à fuser en la direction des deux bannières distantes chacun de plusieurs dizaines de mètres.

La présence d'esprit des gardiens et d'Abiageal, bardesse du clan, ainsi que le courage inébranlable de la ligne de front bardée des boucliers des guerriers, permit d'éviter, là-encore, le pire. Mais il s'en fallut de peu pour que cela se réalisa pour la « bannière » dirigée par Araghast qui endura difficilement cette foudroyante frappe à distance.

L'ouverture était évidente et MacFaol donna, aux siens, l'ordre de tirer en direction des sous-bois. Alors qu'il s'apprêtait à donner la charge pour s'attaquer aux unités de tireurs et de mages ennemis dont on devinait le repli aux allures de fuite paniquée, le Rí aperçut la mauvaise position dans laquelle se trouvait ses alliés. Renonçant à son projet, il mena les siens en direction des sous-bois et vers l'ennemi. Grâce à la magie, Abiageal les rendit invisible aux yeux des Svanirs le temps nécessaire à s'approcher suffisamment et s'ensuivit un massacre d'une rare violence. L'apparition inattendue des combattants du Clan du Loup au milieu d'eux, eut raison de la détermination des sbires de Jormag qui perdirent tous leurs moyens, écrasés et fendus par les coups furieux des guerriers et des gardiens, transpercés de toute part des flèches des archers, lacérés et déchirés par les griffes et les crocs des chiens de guerre, panthères et autres compagnons animaux du Clan.

Une éclatante victoire avait été obtenue ce jour, que célébrait déjà le Clan en clamant des « MacFaol !!! » hurlés à qui mieux mieux pour espoir que les fuyards les entendraient et sachent qui avait participé à leur cinglante défaite. Car oui, le Clan du Loup avait relevé le défi qui lui avait été fait, prouvant toute sa valeur et son efficacité au combat, honorant ses amitiés et sa parole.

Lorsqu'on fut assuré qu'aucun ennemi vivait encore dans les parages, MacFaol donna l'ordre de faire emmener dans le fort, les trois balistes qui se trouvaient sur le versant ouest et de vérifier que fut fait la même chose pour celles qu'ils avaient dû laisser derrière eux à la porte nord. Puis, il rentra avec les siens. Là, les blessés reçurent les soins de leurs druides, tandis que les autres rangeaient leur équipement et profitait du havre de paix pour se laver du sang qui avait recouvert leur peau ; manteau écarlate, éphémère et sinistre de la victoire.

Autour du feu de leur campement, MacFaol dans l'intimité de son clan, leur dit sa fierté et son contentement. Chacun avait contribué à couvrir de gloire et d'honneurs le « tartan » de leur clan, emblème de leur identité, source de toute leur fierté, raison de chacun de leur sacrifice, héritage sacré de leurs ancêtres, legs futurs et sans prix à leurs descendants ; relique éternelle et sacrée qu'ils nourrissaient de leurs exploits non pas pour eux-mêmes, mais bien pour alimenter la mémoire vivante du Clan.

Car les hommes meurent... mais le clan demeure.

[i]« Mac Faol ! »[/i]

Il y a 11 années, 10 mois

Dernière modification par Argyhll il y a 11 années, 10 mois

Argyhll MacFaol [GM Le Clan du Loup]

Rik du Clan du Loup.

LA REALITE DE LA GUERRE.

Quel contraste saisissant... ce calme fébrile et si fragile. Le fort ressemblait à un monstre de pierre, gisant sur la plaine sanglante où deux jours durant, les combats firent rage. La bête semblait agonisante ; sa carapace éventrée, ses côtes saillantes et brisées débordant de son corps exsangue.

Mais ce sang n'était pas le sien, il était celui de tous les valeureux combattants qui n'avaient pas compté ni leur temps, ni la douleur, ni leurs efforts, ni la peur ; qu'ils avaient du surmonter pour en arriver là. Combien d'entre eux n'étaient plus en état de se battre ? Combien n'avaient tout simplement plus la force ? Combien encore, pleuraient leurs frères et sœurs d'armes, tombés à leurs côtés, qu'ils n'avaient pas pu sauver ? Combien enfin, étaient apeurés ou démoralisés ?

MacFaol contemplait la cour aux allures de champs dévastés par quelques tornades et tempêtes puissantes et sans pitié. Il croisait le regard de tous ceux qui se trouvaient encore là. Nul besoin de paroles... Il y avait de la peur, il y avait du désespoir dans leurs yeux. Mais pire encore, il y avait le doute.

Oui, ils avaient défait le dragon qui hier s'en était pris au fort. A quel prix cependant... ? Ils avaient vaincu mais seuls restaient un goût amer et tout au plus ; le soulagement d'en être venu à bout. Oui, ils avaient tous été vaillants dans la bataille et tous devraient pouvoir en tirer une grande fierté ; si seulement ils en avaient encore la force.

Mais à ce sombre tableau que le regard embrassait pour constater une fois de plus les réalités de la guerre, s'ajoutait l'odieux comportement de certains qui distillaient ce doute qui rongeait l'espoir et la détermination. C'était le mal que redoutait toute alliance ; celui où les chefs de guerre n'assumaient pas leurs responsabilités.

Qu'ils furent de l'alliance Lychcroft ou venus en amis et alliés, MacFaol s'irritait d'heures en heures, en saisissant les paroles et les rumeurs qui circulaient ici et là. Des prétendus chefs de guerre auxquels des responsabilités avaient été confiées, qui se trouvaient à parler à tort et à travers dans tout le camp. Des critiques pleines d'hypocrisies et des jugements à l'emporte pièce ; autant de graines de discorde que certains s'employaient à planter dans le cœur des combattants.

Quel que fut l'avis de ceux qui prétendaient diriger, ils en oubliaient deux règles fondamentales de la guerre ; préserver l'unité et entretenir le moral des combattants. Mais faisant fi de cela, on entendait ici certains dire que tout cela était voué à l'échec. Là, qu'il fallait renoncer dès maintenant et laisser la Garde du Lion et Lïn Dorheirmin assumer seuls la responsabilité de ce désastre. Ou encore, dans le meilleur des cas, que les méthodes déployées n'étaient pas les bonnes, ou bien dans le pire ; qu'aucune stratégie et nulle tactique n'étaient à l’œuvre. Autant de chefs qui restaient maintenant avec leurs hommes et délaissaient le commandement ; espérant peut-être que par la force des choses, cette armée de délite pour n'avoir plus qu'à prendre prétexte pour partir chacun de leur côté.

C'était ce qu'entendaient des combattants blessés, épuisés qui avaient combattu sans relâche. Quel chef de guerre digne de ce nom, s'emploie à miner un peu plus encore le moral de ses troupes déjà durement affecté ? Quel chef de guerre ou héros qui se croyaient le droit de guider les autres, pouvaient ainsi mépriser le sacrifice de tous ceux qui avaient donné leur vie et leur sang ?

Le Clan du Loup comptait l'un des plus lourd tribu en blessés. MacFaol en était bien conscient ; son frère et sa soeur de sang avaient failli périr et s'ils étaient hors de danger, cette dernière n'avait toujours pas recouvré ses esprits. D'autres, tel Arngrimm ou Arcia n'étaient plus en état de se battre. Mais il s'employait à les féliciter et à leur dire sa fierté et celle qui devait être la leur. Il était de son devoir de se montrer serein et fort afin de renforcer leur moral. Et s'il ne craignait pas de voir des défections parmi les siens, chose qui ne viendrai à l'esprit d'aucun des gens du clan, il se devait de les entourer et de les soutenir. Il devait masquer sa fatigue et ses douleurs, être un repère pour eux ; un roc inébranlable en lequel ils pouvaient avoir aveuglément confiance. Mais tous ne concédaient pas à cette obligation de chef de guerre.

Devant l'urgence, MacFaol était allé trouvé Lïn Dorheimin qui, blessée, ne s'était pas montrée depuis des jours. Elle semblait elle aussi épuisée et morose, perdue et ne sachant plus vraiment que faire devant une situation qui s'avérait plus difficile qu'elle n'avait du le prévoir elle-même. Aussi, le Rì du Clan du Loup lui rappela que c'était la réalité de la guerre. On ne pouvait vaincre sans verser son sang, sans accepter le sacrifice des vies et sans consentir à ce que l'ennemi aussi puisse remporter des batailles. Mais qu'un chef de guerre doit savoir tenir le cap et poursuivre son objectif pourvu qu'il soit toujours réalisable. Et il l'était... si du temps était donné aux combattants pour se reposer et panser leurs blessures. Du temps pour préparer convenablement le plan qui permettrait de vaincre le Dôme de Svanir. Mais avant toute chose, de rappeler les chefs de son alliance, et ceux qui étaient venus pour l'aider par amitié, à leurs responsabilités et leurs devoirs.

Il était impératif que chacun œuvre à ne plus faire résonner de dissonances au milieu des troupes. Que les chefs discutent et disputent entre eux les plans à venir mais sans étaler leurs doutes et leurs craintes devant des combattants qui avaient besoin de sentir des chefs et une alliance unis, et qu'un objectif clair était toujours de rigueur.

Devant Talnir et à d'autres, MacFaol l'avait rappelé ; ceux qui acceptent de faire la guerre et de s'allier, ne peuvent pas s'arroger les gloires et laisser les autres endosser la responsabilité des difficultés. Chacun avait accepté de venir ici pour combattre et nul, sinon les imbéciles et les naïfs ne pouvaient ignorer que cette guerre serait longue, qu'elle ferait couler le sang des deux côtés et qu'il faudrait combattre avec rage et conviction. Nul ne pouvait ignorer que les Svanirs ne se laisseraient pas faire et qu'ils infligeraient des revers à cette entreprise engagée par la Garde du Lion , secondé par l'Alliance de Lychcroft. Des erreurs avaient été faites, mais les Svanirs aussi n'étaient pas épargnés par les errements tactiques.

Alors, Lïn devait reparaître devant les troupes, rassembler les chefs et les enjoindre à établir le plan qui donnerait la victoire. Mais aussi de mettre en garde ceux qui se trouvaient là, dont la parole était reconnue par les troupes, de semer la division et le doute. Car il fallait à présent bâtir un plan que tous les chefs accepteraient qu'ils furent humains, charrs, asuras ou norns... peu importe les inimitiés, peu importe les rancoeurs et les frustrations. Un plan qu'ils assumeraient tous, dans la victoire comme dans la défaite.

Car il était trop facile de s'engager pour la victoire et de se désolidariser dans l'épreuve et de tenter de justifier sa peur et ses propres doutes, par des arguments fallacieux. Pire encore, de juger les valeurs et les méthodes des autres, quand on s'était engagé à combattre avec eux, en sachant déjà ces différences.

Il y a 11 années, 10 mois

Dernière modification par Argyhll il y a 11 années, 10 mois

Argyhll MacFaol [GM Le Clan du Loup]

Rik du Clan du Loup.

LE SANG DE LA VICTOIRE

L'odeur de la poudre qui persistait dans l'air du fort et des alentours depuis deux jours, tirait quelques grimaces de dégoûts aux hommes qui se réveillaient. Une sale nuit supplémentaire, la seconde, où les mortiers n'eurent de cesse de battre comme le pouls d'un monstre gigantesque. Un pouls au rythme duquel s'animèrent les rares rêves que les combattants parvinrent à avoir dans un mauvais sommeil. Au rythme duquel les cauchemars assaillirent des combattants même éveillés. Au rythme des respirations bruyantes et lourdes sous la fatigue qu'aucun n'arrivait pas à chasser.

Néanmoins, il y avait quelque soulagement pour eux de les entendre, car ils avaient été amenés par le fort contingent, de la Garde du Lion, arrivé en grand renfort il y a de cela deux jours. Aussi les combattants mesuraient leur chance et prenaient leur mal en patience.

L’odeur de la poudre traînait dans l'air, oui.... accompagnée par celle de la rage et de la peur. A l'approche de la tente des blessés, c'était celles du sang, de l'alcool et de combien de mixtures dédiées aux soins qui venaient soulever le cœur. Et les râles des blessés en souffrance achevaient de convaincre de la fonction des lieux. C'eût pu être pire encore si l'on avait pas pris soin d'évacuer les morts vers les camps arrière pour qu'ils y soient enterrés.

Du côté des tentes du Clan du Loup, chacun préparait ses armes et son équipement. Quelques-uns achevaient d'aiguiser leurs lames, de vérifier l'empennage de leurs flèches, ou encore d'ajuster les sangles de leurs armures. La journée serait longue, ils le savaient tous, mais elle serait surtout sanglante ; alors on s'assurait d'avoir les moyens pour que ce soit bien le sang des ennemis qui se répande sur les pans enneigés du Dôme de Svanir.

MacFaol était assis près d'un brasero, embrassant les siens d'un regard protecteur. Il était leur chef et une nouvelle fois il les guiderait dans la bataille sans pouvoir promettre, ni la victoire, ni la vie. La seule chose qu'il pouvait leur garantir c'était de les guider avec honneur et courage et d'être à leur côté, pour frapper fort et endurer les charges avec eux. D'être là à hurler le nom de leur héritage ; le nom de leur clan.

Achevant les derniers préparatifs, il passa ensuite parmi les siens pour leur faire sentir sa présence et sa détermination, leur faire sentir qu'une fois de plus, le Clan du Loup partirait au combat avec cette même rage animale chevillée au corps. Il n'avait pas besoin de les rassurer, nul ne le souhaitait ni n'en avait besoin. Tous savaient à quoi s'attendre et la mort ne fait pas parti de leurs peurs, car elle n'est jamais que la fin d'un cycle, annonciateur d'un autre. La peur des siens résultait en le fait de faillir... en le fait de ne pas savoir honorer le clan. Et bien sûr de souffrir physiquement jusqu'en perdre la raison.

Il n'était déjà plus temps d'y penser quand l'heure du départ arriva et que Lïn Dorheirmin exhorta les combattants à faire de ce jour une victoire pleine de gloire pour eux et une défaite cuisante pour les Svanirs. Elle trouva les mots qui resserrèrent les rangs de son alliance et anima les autres d'un désir féroce d'en découdre. Et chacun ponctua son discours de cris pour ses idéaux ou pour sa bannière.

Après avoir rejoint les hauteurs du col de l'Aube ; le Clan du Loup, et quelques combattants qui avaient voulu se joindre à lui, attendirent en présence du capitaine de la Garde du Lion, Davian Tanarham, et de ses soldats. Il leur fallait patienter le temps que signal leur soit fait après l'exécution du subterfuge qu'il avait été décidé de produire à l'est. Un signal qui tarda à venir mais qui permis à MacFaol de dévoiler, à tous ceux qui étaient là, le plan de leur mission qui avait jusqu'alors été tenu secret. Les craintes liés au « traître » qui avait œuvré contre eux tout du long de cette campagne, avaient fait des ravages dans le moral des hommes. Aussi par prudence n'avait ont pas évoqué ouvertement certains volets du plan et mis en place un piège que les chefs espéraient se révéler efficace.

Les volutes de vapeur s'échappaient des narines et des bouches des combattants qui s'évertuaient à bouger chacun de leur membre pour lutter contre le froid mordant qui les engourdissait déjà. Et malgré cela, les bourrasques violentes de vent qui s'engouffrait dans le défiler pour y prendre toute leur force, leur arrachaient des frissons incontrôlables. Et ceux qui n'étaient pas des Cîmesfroides, tels ces humains et cet asura qui avaient souhaité se mettre sous les ordres d'Argyhll, comptaient les respirations comme autant de mesures de temps qui laissaient s'échapper les couleurs de la vie sur leurs visages aux traits tirés.

Il n'y eut aucun soulagement lorsque le signal leur fut fait et que déjà, le capitaine Tanarhan se dirigeait, au devant de ses hommes, vers leur objectif. Car après le froid, c'était les Svanirs qu'ils allaient devoir affronter et leur part de l'assaut qui consistait à pénétrer directement dans le camp par un étroit goulet au nord, en amont du fort du Dôme, laissait imaginer à chacun le défi mortel qu'il représentait. Mais MacFaol ne leur laissa pas le temps d'y réfléchir et déjà il criait ses ordres tout du long du chemin qui les amenait là où ils commenceraient par positionner les canons qu'ils tractaient avec eux, à l'aide de dolyaks. Et lorsque les servants de la Garde du Lion commencèrent à les mettre en œuvre, il chargea en hurlant « MacFaol » repris par chacun des siens et accompagné des cris des autres.

Cette première charge, MacFaol la dédia intérieurement à son frère Ingvald et sa sœur Saoirse. Tous deux gravement blessés, il avait du les convaincre qu'il leur fallait regagner Hoelbrak pour y retrouver le repos nécessaire à leur rémission. Si Ingvald avait fait mine d'accepter l'évidence sans heurt ni contestation, bien que MacFaol se doutait de son ressentiment, il en fut autrement pour Saoirse. Elle ne manqua pas de sagesse, car elle se laissa convaincre à la toute fin, mais non sans avoir insisté à la hauteur du farouche esprit guerrier qui l'animait. Et toute la déception de son regard convaincu ne manqua pas de le toucher profondément. Elle avait, comme Ingvald et Arcia, elle aussi rentrée suite à ses blessures, donné tant et tant dans cette campagne que la privation de cette bataille finale avait l'amertume des entreprises inachevées et des rêves brisés. En son honneur il adressa sa première prière à Morrigu puis à Airgetlam qui comptent au nombre de leurs dieux... croyances insolites chez les Norns mais qui relevaient de leurs lointaines origines et qu'ils entretenaient farouchement.

Droit sur la porte nord est, comme le plan le prévoyait. C'est là qu'ils foncèrent, groupés, armes sorties et boucliers dressés en barricade tout autour d'eux pour éviter les flèches et les sorts qui les prenaient déjà pour cible. Droit sur les portes où deux colosses couvegivre se dressèrent devant eux pour leur barrer le passage. Mais la fureur guerrière animait tous ceux qui suivaient MacFaol et leurs armes s'abattirent impitoyablement sur l'ennemi qui résista ce qu'il put, avant de céder sous la marée exaltée. Alors, leur première mission fut exécutée rapidement, avec l'aide précieuse d'un asura nommé « Badd », monté dans un golem solide de la fabrication de son peuple, qui permis de briser rapidement la muraille de glace corrompue.

Il ne fut pas temps de se réjouir de cette première réalisation, car déjà les éclaireurs du clan du loup prévinrent MacFaol qu'au sud de leur position, leurs alliés étaient en difficulté. Et c'est sans attendre que la colonne se remit en marche pour foncer droit vers son nouvel objectif. Tout du long du chemin, les Svanirs qui se jetaient contre eux furent reçu par milles lames acérées couverte d'un sang épais qui leur promettait la mort. Et semant derrière eux de nouvelles victimes de leur détermination farouche, ils arrivèrent à la tour sud est où ils prirent position. Là, après avoir tué les Svanirs qui avaient eu le courage de les affronter, ils se placèrent de sorte qu'un rang hérissés de lames et de bouclier fit face à l'intérieur du campement, tandis que tous ceux qui pouvaient donner la mort à distance ainsi protégés, s'activaient à interdire aux ennemis d'approcher.

Rapidement rejoint par l'armée de l'Est, dirigée par Lïn Dorheirmin, secondée par un chevalier de la Maison Valyena et le chef des gens du Clan Vassharans, à laquelle avait profité ce répit opportun, il fut temps d'investir entièrement le camp des Svanirs. Alors, une longue ligne de front fut déployée, avançant pas à pas, au rythme des charges violentes et sans merci des ennemis qui venaient s'y écraser sans craindre ni la douleur, ni la mort.

Aux pieds des combattants, la neige mêlée de sang et durement piétinée devenait une mélasse dans laquelle on glissait et s'enfonçait. Il fallait tirer une force hors du commun pour dégager ses pieds, trempés et frigorifiés, et ne pas tomber. Maintenir la ligne, coûte que coûte, c'était le défi qui s'imposait maintenant aux combattants alors que l'ennemi, lui, semblait bel et bien décidé à se battre jusqu'au dernier. Les chocs des armes et des armures, les cris et les respirations rauques et essoufflés couvraient jusqu'au hurlement du vent qui se déchirait sur les pics de glace corrompu qui se dressaient en sorte de muraille sur ce dôme où se déroulait la terrible bataille. Chaque pas était une souffrance et sous les charges répétés des ennemis, la ligne manqua plusieurs fois de céder.

Mais la situation parut tourner au désavantage des assaillants quand ils se retrouvèrent encerclés, au centre du camp Svanir. Des guerriers et chiens de guerre, esprits corrompus et colosses difformes et monstrueux semblèrent sortir de partout et le cercle de défense que formèrent l'armée de la Garde du Lion, de l'Alliance Lychcroft et de tous les clans et contingents venus en renfort, fut soumis à terrible épreuve. La charge de quelques loups couvegivre géants enfonçait de plusieurs mètres tout une section du cercle qui devait aussitôt se reformer pour éviter qu'une seconde vague la fasse rompre et que l'ennemi s'y engouffre alors... si ce n'était la panique qui se serait alors emparée des combattants.

Le sang coulait à flot, si bien qu'on pu croire le sol recouvert d'un duvet de feuilles rougeoyantes un automne particulièrement tardif... ou qu'une lave ardente recouvrait la neige, annonçant le réveil d'un volcan à la colère encore invisible. Mais les combattants ne se souciaient guerre ni du temps, ni du décor alors que les combats faisaient rage et qu'il fallait lutter à chaque instant pour sa vie.

Il arriva cependant un moment où les forces Svanirs s'affaiblirent. Du moins en apparence, car il n'en vint plus. Chacun regarda tout autour de lui, les cadavres amoncelés au sol formaient une bute tout autour d'eux dont certains avaient su tirer parti pour mieux se défendre. Et qui fut un désavantage pour d'autres, quand des loups couvegivre s'en servaient comme d'un tremplin pour bondir furieusement.

Ce calme soudain fut aussi traître qu'improbable. Et de nul part, un esprit corrompu, gigantesque et furieux, apparu. Les combattants furent saisis d'une stupeur, dont seuls les ordres hurlés par les chefs des différentes bannières, les sortirent. La créature ne fit pas mentir les pires craintes qu'elle avait fait naître dans le cœur de tous ; et le combat s'engagea, chargé de peur et d'angoisse. Les coups du monstre étaient lourds et brutaux. Il y en eut qui furent projetés des mètres plus loins, qui ne se relevèrent pas immédiatement... ou pas du tout. Les griffes et les crocs du mastodonte ne mirent personne à l'abri, et quelle que fut la solidité des armures et des boucliers, ils furent éventrés ou brisés sans difficulté. Il fallut alors tout le courage et toute la détermination de la masse grouillante des assaillants pour affaiblir l'esprit corrompu. Ses membres furent frappés sans relâche et vint un moment où la bête s'affaissa sur le flanc et on put alors mettre un terme à sa moisson mortelle.

Et les cris commencèrent à résonner, clamant une victoire durement gagnée où les morts se comptaient par dizaines. Une victoire prématurée que l'apparition de nouveaux ennemis... et surtout, le cri de défi d'un Svanir qu'on prit d'abord pour un géant tant il était grand, vint remettre en question. La joie fut brisée nette. Les visages qui s'étaient éclairés, s'assombrirent aussitôt... quand ils ne se décomposaient pas lentement pour accuser rudement le coup de cette désillusion.

Le Clan Vassharan reforma, rapidement et avec impétuosité, ses rangs pour faire front à des ennemis qui déboulaient en provenance de l'ouest, quand la Maison Valyena, avec la discipline qu'on connaît à leur bannière, fit front en direction de l'est d'où arrivait le chef des Svanirs. A eux se joignirent quantité d'autres combattants de divers clans, maisons et confréries qui n'avaient pas moins de courage à offrir.

MacFaol, quant à lui, ordonna aux siens de former la ligne en direction du sud où s'annonçaient au loin d'innombrables loups couvegivres. Nul ne pu dire combien de temps dura cette nouvelle résistance improvisée au cœur du dôme, alors que des ennemis toujours plus nombreux les assaillaient avec la ferme intention de leur infliger une amère défaite au nom de Jormag. Nul ne le sut car il n'y eut du temps pour rien d'autre que frapper, parer et bloquer les coups qui pleuvaient contre eux. La bataille sembla très mal s'engager. Le Chef Svanir portait avec lui toute la cruauté et la violence que les Dragons Ancestraux inspiraient à leurs suivants. Sa force sans pareille fit la perte de quantité de combattants qui malgré leur héroïsme, périrent sous ses coups, sans qu'il ne fut sensible à tous ceux qu'on lui rendait. Mais la ténacité de ceux qui combattaient ici pour la chute du Dôme, fit lentement son travail de sape... lentement mais sûrement.

Du côté du Clan Vasharan, MacFaol constata qu'ils luttaient avec une hardiesse rare et qu'après avoir résisté vaillamment à plusieurs charges, ils se ruaient au devant des ennemis sur un pan de la montagne.

Au sud, les bêtes finirent par être vaincus, par un Clan du Loup plus solide que jamais. Les visages étaient marqués et les corps trahissaient des blessures à la douleur mordante, mais tous tenaient bon. Chacun avait redoublé d'effort pour ne céder sous aucun prétexte, à tel point qu'on eut dit que même la mort n'aurait pas été suffisante pour justifier d'avoir laissé une brèche s'ouvrir. Sur cette nouvelle accroche sans concession avec l'ennemi, MacFaol aperçu derrière lui, le Clan Vassharan sur lequel avançait un colosse énorme. Mais ceux-ci n'étaient plus en état de lui faire front, nombre d'entre eux avaient ployés sous les coups et au sol on ne comptaient plus ceux dont le sang s'échappait en teintant la neige de funeste augure.

MacFaol ordonna aux siens de le suivre et ensemble ils se ruèrent sur les lieux et contournèrent le colosse pour mieux le prendre à revers. La créature continua de marcher lourdement malgré les lames qui venaient l'entailler. Son sang remplissait les traces de ses pas sur son chemin, dessinant son trajet inexorable vers les lignes Vassharans. Mais à mesure que la créature avançait, on en vit de plus en plus céder sous la douleur et la fatigue et bientôt il n'en resta plus suffisamment pour faire front. Craignant pour les blessés sans grande défense, MacFaol ordonna d'encercler cet ultime ennemi de leur côté et tous s'employèrent à la faire chuter pour qu'elle ne parvint pas à sa destination. Au sol, la mort lui fut donnée rapidement, pour hâter le soulagement d'en être enfin venu à bout. Et le râle du colosse couvegivre s'éleva dans l'air et la fierté des combattants avec lui, dans leur cœur.

Ils auraient pu en rester là, car le Clan du Loup et tous ceux qui le suivaient depuis le début de cet assaut avaient ensemble donné tout ce qu'ils avaient de vertus martiales et par delà, le sang et la douleur qu'ils n'avaient pas compté. Mais MacFaol sait que la bataille ne prend pas fin avant que tous n'aient eu à constater que l'ennemi avait vaincu... ou qu'il fut entièrement défait. Et la victoire semblait bien acquise cette fois, mais il se soucia de vérifier que tous les combats avaient cessé. Ainsi, ordonna t-il de faire chemin inverse pour regagner le centre du campement où il avait aperçu, pour la dernière fois, la Maison Valyena et tous les autres. Sur place, les troupes étaient déjà à soigner les blessés. Les morts jonchaient le sol, qu'ils furent des leurs, ou des Svanirs. Et parmi les cadavres se trouvaient, outre le chef de leurs ennemis, le capitaine Davian Tanarhan de la Garde du Lion.

MacFaol posa un regard appuyé sur son corps. Il n'appréciait pas l'homme. Il avait du user devant lui de diplomatie au delà de ce que sa fierté lui permettait d'ordinaire, pour faire libérer Lïn Dorheimin. Celle-ci ayant été mise au cachot la veille, sur ordre du défunt capitaine, après le fol acte d'un homme, qui avait conclu brutalement, d'un coup de pistolet sur ce dernier, une échauffourée dans la tente du conseil du guerre. Cependant, toute l'inimitié qu'il lui portait ne pouvait effacer le respect du aux combattants qui avaient porté le fer avec force et bravoure. Aussi adressa t-il une prière silencieuse aux dieux et aux esprits psychopompes pour qu'ils veillent sur son âme et lui rendent les honneurs qu'il avait mérité par les armes.

Les cris de victoire résonnaient maintenant pour de bon dans tout le campement. La victoire avait été arrachée dans la fureur des combats. L'odeur de la mort planait avec l'âcreté métallique du sang qui couvrait le sol et imbibait les vêtements des combattants. A ses côtés, Shamus MacFaol, l'un de ses 9 protecteurs s'effondra. Jusqu'au bout il avait tenu son engagement sacré ; protéger le Rì jusqu'à la mort. Sans attendre, les gardiens du Clan accoururent à lui et s'évertuèrent à le soigner, réussissant après un interminable moment à le préserver de la mort.

Lorsqu'on mène combat avec d'autres que soi, l'honneur veut que ce soit jusqu'au bout qu'on honore cette alliance. Et MacFaol ne dérogerait pas à cette règle. Les Vassharans qu'ils avaient quitté un peu plus tôt se trouvaient alors déjà dans un état préoccupant et, constatant que les autres troupes avaient l'attention de plusieurs guérisseurs, c'est là-bas qu'il retourna. A son étonnement, ceux-ci ne manquèrent pas de reconnaissance et plusieurs virent directement à lui pour le remercier d'avoir mené ses hommes à leur secours et de les avoir sauvé, et ce malgré que tout à cet instant aurait pu les éloigner de cette considération.

Les blessés étaient nombreux et l'état de certains, jugés très préoccupant fut pris en charge par les guérisseurs du Clan du Loup et d'autres venus tout aussi rapidement. Mais il fallut se résoudre à repartir, sans attendre, pour le Refuge du Croisement où tout l'hôpital de campagne déployé allait pouvoir agir avec autrement plus de moyens.

Sur le retour les hommes et les femmes, harassés, portaient dans leur marche saccadée, les stigmates d'un combat qui avait brûlé les dernières forces qu'une semaine l’inlassables combats leur avait lentement volé. Les visage étaient fatigués certes, mais il y avait des sourires francs et joyeux pour la première fois depuis des jours. Et dans le regard on lisait cette fierté rare qu'on obtient qu'au travers les actes douloureux où l'on joue son intégrité, sinon sa vie. Mais la guerre abîmait aussi les esprits et érodait les âmes... et les yeux de certains combattants les reflétaient avec une clarté telle qu'on en ressentait un malaise glacial. Des yeux comme des miroirs d'une vie trop chargée, aux prunelles si sombres et intenses qu'on devinait les tourments qui pouvaient s'y mouvoir. Pour eux, c'était une journée de plus où leur mémoire se chargerait un peu plus d'un souvenir où résonneraient longtemps, la peur, la violence et la mort. Une journée de plus pour certains, la dernière pour d'autres qui se résoudraient peut-être à se retirer des batailles... mais pour le plus grand nombre d'entre eux, ils avaient intégré cette destinée comme une fatalité. Ils savaient déjà qu'ils retourneraient combattre jusqu'à ce qu'ils n'en puisse plus ; pour peu que les dieux leur soient favorables. Sinon ce serait à la folie... ou à la mort.

Au fort du Refuge du Croisement, l'hôpital de campagne était déjà plein d'une agitation frénétique quand ils arrivèrent. On s'affairait à soigner les blessés les plus graves. Mais quand il en arrivait sans cesse un nouveau, venait un moment où le sang froid et l'organisation devaient s'imposer pour ne pas céder devant la grande faucheuse, dernier ennemi de la guerre, qui donnait à voir une ultime bataille, moins spectaculaire, moins héroïque mais tout aussi importante et certainement pas moins sordide.

Et l'atmosphère tranchait alors de façon surprenante, quand les combattants indemnes physiquement, se prenaient de leur côté à refaire la bataille avec force détails et enthousiasme ; exutoire indispensable pour chasser la tension et la peur et se réapproprier leur vie et la situation qui leur avait échappées à de nombreux moments.

C'était aussi l'occasion pour les chefs de se féliciter entre eux, de se remercier encore pour les actes salvateurs que les uns avaient produit pour d'autres. Et pour Lïn Dorheirmin, de remercier tous ceux qui avaient guidés les hommes et amenés les leurs en renfort dans cette campagne à l'issue incertaine.

MacFaol consentit à tout cela avec sincérité, mais il attendit avec impatience que les siens soient réunis pour les féliciter tous de ce qu'ils avaient fait. De la portée de leurs actes, de l'honneur et de la gloire qu'ils avaient fait rejaillir sur leur Tartan ; sur leur Clan. C'était aussi sa fierté et son respect qu'il leur communiqua avec pudeur d'abord, puis avec davantage de chaleur dans l'intimité de tête à tête au lendemain de la bataille, un peu avant leur départ.

Il aurait l'occasion de le leur redire à leur retour à Hoelbrak... il aurait l'occasion, oui, de leur parler dans l'intimité du Clan ; pour lequel ils portaient tous fièrement les armes et chevillaient à leurs corps cette détermination farouche de ne jamais rien céder dans l'adversité.

Mais en lui-même résonnaient déjà ces quelques mots... ces mots avec lesquels il ouvrirait la grande assemblée du clan qu'il réunirait bientôt.

« Je suis Argyhll MacFaol, Rì du Clan du Loup, héritier légitime de Faol, successeur de Garbhan MacFaol et j'honore notre tartan en menant la guerre selon nos traditions ancestrales... et les têtes de nos ennemis ornent les piques sur les champs d'honneur et de gloire où nous les faisons tomber. Et vous, vous êtes notre Clan ; vous êtes l'héritage de nos ancêtres... vous êtes la richesse que nous léguerons à nos descendants.»

Il y a 11 années, 10 mois

Dernière modification par Argyhll il y a 11 années, 10 mois

Argyhll MacFaol [GM Le Clan du Loup]

Rik du Clan du Loup.

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